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Éléments pour une histoire des enseignements artistiques

samedi 24 janvier 2015, par Pierre Sauve

Préambule

Avant toute chose, il faut nécessairement informer le lecteur d’où l’on parle.

Je suis un enseignant à la retraite, qui après avoir enseigné diverses disciplines s’est arrêté sur les Arts Plastiques et a été professeur d’IUFM pendant 12 ans. J’ai été par ailleurs militant syndical et suis resté militant politique « marxien ». C’est déterminé par ces engagements politiques et professionnels que je vais m’autoriser à présenter une approche de cette histoire. Je m’autoriserai du coup à prendre un parti. Parti qui s’est forgé dans mes engagements à la fois politiques et pédagogiques.

L’approche est déterminée par les préoccupations qui portent sur les questions d’une part de l’art et du patrimoine comme construits sociaux, et d’autre part de l’éducation, de l’enseignement, enfin de la pédagogie.
Une partie importante de cette présentation sera empruntée aux travaux de Marie-Jeanne Brondeau-Four et de Martine Colboc-Terville dans un document de 98 pages, publié sur le site de l’académie de Nantes, intitulé « Du dessin aux arts plastiques. Repères historiques et évolution jusqu’en 1996 ». Pour traiter de l’histoire de l’enseignement de la musique, je me suis appuyé sur la contribution de Philippe Bazin, IPR-IA d’Education Musicale et chant choral au stage de formation continue du 13 novembre 2013.

Raconter l’histoire des enseignements artistiques (en particulier des arts plastiques que je connais un peu mais aussi de la musique que je connais beaucoup moins) oblige à suivre le fil de l’Histoire dans ses dimensions économique et politique, suivre également le fil de l’histoire de la pensée, de la philosophie de l’enseignement et de croiser tout cela avec l’évolution de la production artistique (peinture, dessin, sculpture, photographie pour les arts plastiques et la musique), communément appelée histoire de l’art.

L’histoire du XIXème siècle en France, c’est du point de vue politique, la naissance de la nation, la définition de son patrimoine, l’invention du peuple français (long processus qui se poursuivra jusqu’à la fin du XIXème siècle), l’affirmation de la bourgeoisie comme classe dominante ; c’est aussi la naissance de la pensée socialiste qui construira une pensée subversive et marquera profondément l’art en général. C’est du point de vue économique, le déploiement de la révolution industrielle, la construction de voies de communication gigantesques, le développement de l’industrie et la transformation des villes, un formidable exode rural transformant des centaines de milliers de paysans en un prolétariat d’émigrés de l’intérieur. C’est du point de vue artistique l’affermissement de la figure de l’artiste comme construit social, la création de salons, le surgissement de batailles d’école, de courants picturaux et musicaux tout au long du siècle.

Le XXème siècle connaitra des crises majeures (les deux guerres les plus meurtrières que le monde ait connues), des révolutions qui bouleversèrent les sphères économique, politique et artistique (il est à noter que le terme d’avant-garde a été utilisé aussi bien dans la sphère politique que dans la sphère artistique), enfin le capitalisme triomphant sous sa forme la plus pernicieuse, et peut-être la plus barbare, des trente dernières années qui à son tour modifie la donne dans tous les domaines et singulièrement dans le domaine qui nous intéresse : l’éducation et les enseignements artistiques qui nous réunissent ici.

En guise de fil conducteur

L’art a toujours entretenu des rapports de servitude au pouvoir. Des périodes de ruptures ont tenté de secouer le joug. Elles ont souvent été récupérées. L’enseignement des disciplines artistiques est une arène dans laquelle des forces sociales s’affrontent. Le mouvement général des conceptions pédagogiques dominantes traduit des moments de triomphe de l’économique mais aussi des remises en cause. Le début du XXème siècle en est une avec l’émergence des avant-gardes artistiques et de la pensée sociale. A la fin du siècle et au début du suivant, l’art est plus que jamais cet instrument du pouvoir et la « culture » un enjeu marchand. Mieux, les églises ne faisant plus recette, une nouvelle religion se célèbre dans les musées et les expositions. Le pouvoir au service du néo libéralisme mène une offensive dans l’éducation dans le but de préparer la jeunesse à la consommation et l’emploi culturels. Il lui faut pour cela empêcher l’émergence du sujet-créateur, remplacer les pratiques plastiques et musicales par des pratiques culturelles.

Musique et dessin, une histoire différente

Le dessin et la musique se distinguent dans la tradition philosophique et rhétorique depuis les Grecs en ce que la musique fut promue au rang « d’art libéral » et les arts plastiques relégués au rang « d’art servile ».

Le capitulaire de Charlemagne (Admonitio generalis, 23 mars 789) déclare : « (...) Nous voulons que les écoles soient créées pour apprendre à lire aux enfants. Dans tous les monastères et les évêchés, enseignez les psaumes, les notes (sorte de sténographie de la langue latine), le chant, le comput, la grammaire (...) ». Par ailleurs, pour la formation des élites, cet édit rappelle les sept disciplines intellectuelles considérées comme fondamentales depuis l’Antiquité. Elles sont organisées en deux cycles, dont l’acquisition est alors vue comme nécessaire à la compréhension des mystères de la Foi chrétienne :

- le premier cycle, le trivium, est voué à la maîtrise de la langue latine ; il regroupe ainsi grammaire, rhétorique (l’art de composer un texte) et dialectique (l’art de disserter) ;

- le second cycle, le quadrivium, est consacré aux sciences : arithmétique, géométrie, musique et astronomie. Cette nomenclature (issue de Platon, La République, Livre VII) perdure lors de la fondation des universités, au XIIIème siècle. Ce sont là les « arts libéraux » , arts de l’immatériel, par opposition aux « arts mécaniques », qui concernent la transformation du tangible, cela relèverait aujourd’hui des arts visuels. Ces distinctions marqueront l’histoire des disciplines pour une longue période.

De la Révolution française à la moitié du 19ème siècle

Patrimoine et édification du peuple

C’est à partir de la Révolution Française et de l’avènement de la République que la préoccupation d’un enseignement pour le peuple devient tangible ; cette période sera donc notre point de départ. Il fallait en trouver un.

Dès 1890, l’assemblée nationale engage un travail d’inventaire des biens du clergé qui viennent d’être confisqués. Ils constituent les biens nationaux et intègrent les « collections publiques » d’un patrimoine national. Le 10 août 1793, la Convention ouvre le « musée des arts » dans le palais du Louvre sous le contrôle de la Commission de l’Instruction Publique à laquelle participe le peintre David. D’emblée il est intéressant de remarquer que le musée est considéré comme élément de l’instruction publique. "Le muséum n’est point un vain rassemblement d’objets de luxe et de frivolité qui ne doivent servir qu’à satisfaire la curiosité. Il faut qu’il devienne une école importante. Les instituteurs y conduiront leurs jeunes élèves ; le père y mènera son fils" affirme la commission.

En 1792 avaient été créés l’Institut des beaux arts en remplacement des académies de Mazarin et Colbert, ainsi que l’École des Arts et Métiers, les Écoles Spéciales et les Écoles Centrales en remplacement des collèges de l’ancien Régime.

Il faut souligner que l’enseignement des arts plastiques se pense conjointement à un processus de « patrimonialisation ». Notion importante qui tire son étymologie de « pater » le père et dont « patria » la patrie est un dérivé La société crée son histoire en en rassemblant des témoignages et se plaît à la contempler, se forge un passé.

En ce qui concerne la musique, durant des siècles, c’est dans les paroisses et à la Cour que l’on éduque à la pratique musicale, aux fins de divertissement ou bien dans le but de révérer l’ordre divin et/ou le pouvoir royal. Distinguant notre pays des autres régions d’Europe, la Révolution française laïcise cette situation, sans toutefois déroger à l’utilitarisme : c’est en premier lieu pour fournir des instrumentistes à la fanfare, puis à l’orchestre de la Garde nationale, que la Convention institue le Conservatoire de Paris (1795)

Les lycées napoléoniens

Sous le Consulat N. Bonaparte crée en 1802 les lycées de garçons. Un arrêté y institue l’apprentissage du dessin. En 1809, les élèves dessinaient donc quotidiennement au cours des quinze heures de la journée (6 heures d’études), d’une part un dessin dit "d’imitation", artistique (la copie de modèles) ayant comme référence la "Nature" perçue à travers les oeuvres d’art ; d’autre part un dessin plus scientifique lié à la géométrie descriptive proposé spécialement aux élèves qui se destinent aux carrières d’ingénieurs.

"Lorsque les arts plastiques qui s’appelaient alors "dessin" ont été introduits dans l’instruction à l’époque napoléonienne, c’était en réponse aux besoins du pays. En effet la nécessité d’avoir une maîtrise en dessin correspondait à ce moment de notre histoire à une nécessité économique : celle des manufactures, qui produisaient des objets nouveaux ; mais très curieusement, l’inscription du dessin dans l’instruction publique s’est faite au sein des arts d’agrément au même titre que la danse. » souligne Gilbert Pélissier (IPR-IA de l’académie de Créteil). L’orientation de cet enseignement reste essentiellement énoncée comme professionnelle mais cette discipline a comme fondement original une ambiguïté entre une finalité culturelle et une finalité professionnelle. Les questions qui se posent alors portent non sur les finalités mais sur la nature de cet enseignement et la manière de s’y prendre pour l’enseigner, et débouchent sur l’élargissement des formes de dessin et la multiplication des méthodes.

Deuxième moitié du 19ème : naissance d’une discipline

Les expositions universelles

Les expositions universelles au 19ème ont une importance capitale dans l’évolution des enseignements artistiques. Comme vitrine des nations, elles seront un lieu de compétition et de réajustement des politiques éducatives au service de l’économie et du rayonnement des nations. L’Exposition Universelle de Londres en 1851, la première du siècle, privilégie les "Arts Appliqués à l’Industrie" dans lesquels l’Angleterre excelle. La Commission royale exclut la peinture de la section Beaux-Arts : "elle transmet sur la toile », dit-on, « un ordre d’études, de sujets, de passions, qui sont étrangers à l’industrie".

Cependant, le compte rendu du Comte de Laborde publié en 1856 sur l’exposition de 1851 propage l’idée que face à l’avancée de l’Angleterre, la France doit renouer avec les grandes traditions de l’Art. Le dessin industriel y est présenté comme le début de la vulgarité dans l’Art et par conséquent dans l’industrie. Il s’agit de rétablir le goût de la grande tradition par le dessin, le même dessin partout, de l’enseignement primaire à l’enseignement professionnel.

Lorsque, à son tour, la France organise à Paris l’Exposition Universelle de 1855, Napoléon III ayant compris la leçon donne une place conséquente aux Beaux-Arts et à la peinture française en particulier. Tandis que les Arts décoratifs, appelés alors "Arts appliqués à l’industrie", sont présentés séparément au palais de l’industrie, les peintres français les plus célèbres exposent leurs oeuvres en grand nombre. La section des Beaux-Arts de l’Exposition Universelle de 1855 est un grand succès pour l’art français. Engendrant débats et décisions dont les effets ne seront pas immédiatement visibles, l’élan de la compétition est ainsi donné. Ces débats, ponctués de textes charnières dont le premier est celui de la Commission Ravaisson, seront réactivés lors de chaque nouvelle exposition universelle, tout au long du 19ème siècle.

Ravaisson vs Guillaume, philosophie vs industrie

Les noms de Félix Ravaisson ainsi que celui d’Eugène Guillaume dont on parlera par la suite sont à retenir car ils représentent les deux tendances qui s’affronteront tout au long de cette deuxième moitié du XIXème siècle.

Félix Ravaisson (1813-1900) est philosophe de formation et archéologue, membre de l’Institut du Conseil Impérial de l’Instruction publique et Inspecteur Général de l’enseignement supérieur pour les lettres. H. Bergson définit la position de Ravaisson en ces termes : "Toute la philosophie de Monsieur Ravaisson mérite de cette idée que l’art est une métaphysique figurée, que la métaphysique est une réflexion sur l’art et que c’est la même intuition diversement utilisée qui fait le philosophe profond et le grand artiste".

Eugène Guillaume (1822-1905) est sculpteur, professeur, critique d’art, directeur de l’École des Beaux-Arts, professeur à Polytechnique, directeur de la villa Médicis, professeur au collège de France.

Le rapport de la commission dirigée par Ravaisson comprend un projet et une méthode d’enseignement, un plan d’études, des programmes ainsi que des propositions concernant le recrutement des "maîtres de dessin". C’est un projet fondateur qui défend une tradition à la fois philosophique, artistique et pédagogique. Mais, bien que les conclusions de la commission Ravaisson ne seront pas suivies d’effet dans l’immédiat elles permettront d’expliciter le débat sur les finalités d’un enseignement du dessin articulé autour de deux grandes tendances : luxe ou nécessité, culturel ou professionnel. Ravaisson perdra la bataille et ce sont les positions d’Eugène Guillaume qui seront retenues.

En mai 1866, E. Guillaume, lors d’une conférence à l’union centrale des Beaux-Arts Appliqués à l’Industrie, énonçait ainsi son projet : « le dessin doit être considéré au début bien plutôt comme un mode de représentation positive que comme un moyen d’exprimer des sentiments, le considérer surtout sous le rapport de la correction et de l’exactitude, par son côté utile qui consiste d’abord à bien copier ». La méthode Guillaume s’impose comme la Grammaire du dessin. « La géométrie est la clef unificatrice aussi bien de la Nature que du champ social ». La positivité du "géométrisme", répondant aux besoins des mutations économiques et du développement de l’industrie pendant la période 1865-1880, s’imposera. Cependant, outre les raisons économiques, on peut envisager que si l’institution a retenu la méthode Guillaume c’est parce qu’elle continuait à postuler l’unité d’une discipline malgré la diversité de ses formes.

Première moitié du 20ème siècle

Le tournant du siècle depuis les impressionnistes jusqu’aux années 20, les arts plastiques connaissent des bouleversements radicaux. L’abstraction apparaît en 1910. Paris est la capitale mondiale de l’avant-garde. Tous les codes picturaux sont cul par-dessus tête. L’enseignement reste sagement en dehors mais la mutation se fait par l’apparition de la pédagogie.

Naissance de l’élève

En 1902 les principes de Guillaume sont remis en cause. La réforme de l’enseignement du dessin de 1909 s’inscrit dans le cadre de la réforme générale de l’enseignement de 1902 dont les traits dominants sont : le recul de la culture classique qui perd son hégémonie, la volonté de doter les élèves d’une nécessaire formation professionnelle. A raison de deux heures hebdomadaires, l’enseignement du dessin est obligatoire à tous les niveaux sauf en terminale où il est facultatif.

Il convient ici de faire un point sur la place particulière que le dessin occupe dans l’univers des arts plastiques. Rappelons que le dessin jusqu’au XVIIIe siècle s’écrivait « dessein » signifiant par là que le dessin n’a pas de valeur en soi (du point de vue des Beaux Arts), qu’il n’est que le projet de la peinture. Le XIXème siècle est le moment où la peinture tend à s’émanciper du dessin. C’est le sens de la bataille qui oppose Delacroix et Ingres. Ingres et les peintres « pompiers » étant les « réactionnaires » tenants du dessin comme la base de tout contre le coloriste Delacroix. Les impressionnistes et post impressionnistes influencés par les travaux de Chevreul et Goethe sur la couleur s’inscrivent dans la brèche ouverte par Delacroix. Si le dessin a perduré dans l’intitulé des programmes c’est le versant utile à l’industrie qui en est la cause. Il est notable que l’apparition de la couleur dans les programmes constitue un indicateur de l’évolution de la discipline.

En ce qui concerne la musique dont nous avons souligné l’usage utilitaire depuis la Révolution, connaît également un usage « bourgeois » : les conservatoires locaux sont en quelque sorte une municipalisation des préceptorats privés. Les pianos qui deviennent abordables du fait de la mécanisation envahissent les salons des bourgeois, comme le remarque Philippe Bazin.

En ce début de siècle, le développement des études de psychologie, donnent de l’importance à la personne : c’est l’enfant lui-même qui commence à être considéré comme un sujet de création plastique.

La modernité

Dans les Instructions qui accompagnent le programme de 1909, la méthode s’appuie sur la qualité de la relation pédagogique, sur la confiance faite au maître et sur la prise en compte du plaisir de l’élève dans la motivation : « l’enseignement du dessin dans les lycées et collèges ne doit en aucune façon être dirigé en vue d’une profession spéciale. » En écho à la polémique Delacroix-Ingres, il est dit : « Si le modèle proposé, c’est l’objet réel, la couleur n’est pas séparée de la ligne, beaucoup moins réelle pour l’oeil que la surface qu’elle limite.(...) Et qui ne sait combien plus vite que les lignes pures la couleur occupe l’esprit de l’enfant ? »... « le crayon de couleur, le pastel, l’aquarelle ne seront plus des fruits défendus »....« Mais si la ligne pure ne satisfait pas tout l’oeil, elle n’intéresse pas non plus tout le toucher. Il a besoin du relief et du volume. Le modelage sera donc aussi encouragé ». Avec ce tournant radical, l’enseignement des arts plastiques entrent peu à peu dans la modernité.

« Mais l’articulation obligée avec les autres matières place en fait la discipline encore nouvelle sous leur tutelle, limitant ainsi la progression de son inscription propre. Le manque de confiance avoué quant aux compétences des professeurs de dessin suggère qu’il y a de la part des représentants de l’institution appel à validation par les autres disciplines, afin de combler les lacunes d’un enseignement dues à l’absence de formation de ses maîtres » nous disent Brondeau-Four et Colboc-Terville.

Dans le domaine de la musique, les premières instructions de l’école primaire (1882) circonscrivent l’éducation musicale à la pratique du chant collectif, fondamentalement voué à inculquer le sentiment de l’identité patriotique. Dans le Second degré, l’enseignement du solfège au « petit lycée » comprend une heure pour les classes de garçons et deux heures pour celles des filles.

Les disciplines artistiques, on le voit, ont au XIXème siècle été au service à la fois de l’affirmation nationale : rayonnement de l’art français et patriotisme et du développement de l’industrie pour le plus grand profit d’une bourgeoisie triomphante.

Un vent nouveau

« A partir de 1923, les instructions font souffler un vent radicalement nouveau. L’épreuve de chant devient obligatoire au Certificat d’études. A l’école, les chansons du folklore viennent supplanter les chants militaires. Par ailleurs, commence à apparaître dans les deux degrés (mais surtout au lycée) un enseignement nouveau, dénommé « explication des chefs-d’oeuvre de l’art ». Il ne sera éligible au domaine musical qu’à mesure de l’extension, très variable selon les territoires, de la TSF et du phonographe » souligne Philippe Bazin.

1925, nouvelle réforme. Une nouvelle matière dite "art" ou "explication des chefs-d’oeuvre de l’art" est créée de la 4ème à la 2nde. C’est la première fois que le terme "arts plastiques" apparaît dans les programmes, où il désigne la peinture, la sculpture, l’architecture et les arts décoratifs. Cependant aucun enseignant particulier n’est désigné ; celui qui les connaît et les aime le mieux les enseignera. La méthode est :"Transposer l’explication littéraire en explication artistique »

Dans la dynamique du Front Populaire, en 1938 une nouvelle réforme définit "Le rôle du professeur : favoriser l’épanouissement et des aptitudes individuelles" (Instructions relatives aux disciplines 1938). L’école est concernée par la nouveauté des "loisirs" et en 1937 un arrêté prévoit l’aménagement de "loisirs dirigés" facultatifs, le samedi après midi. Le dessin, le sport, la lecture y participent ainsi que la musique. « Tandis que la progression du matériel électrique commence à rendre possible un enseignement de l’histoire de la musique par l’écoute des œuvres, c’est le chant choral qui entre dans les programmes, conçu non seulement comme vecteur d’expérience sensible pour chaque élève, mais aussi comme outil de propagation de la musique vivante dans les territoires où elle demeure absente, en premier lieu le monde rural », ajoute Philippe Bazin.

La seconde moitié du 20ème siècle

Une discipline artistique ?

Les programmes de dessin de 1909 seront repris pour la quatrième fois, en 1942-1943 pendant la seconde guerre mondiale, puis ceux du premier cycle, une cinquième fois en 1953. De fait, ils ne seront véritablement appliqués qu’après la guerre. L. MACHARD, premier Inspecteur recruté parmi les enseignants de dessin en 1943 définit dans une série de directives une nouvelle fois les orientations de la discipline où le dessin garde une place centrale. Malgré la dénomination officielle, le statut de cette "discipline artistique" reste préoccupant pour l’institution. En 1953, L.MACHARD est amené à en faire l’aveu : « De tous les problèmes qui se posent à l’Éducation nationale, ceux qui concernent le dessin sont parmi les plus complexes et les plus délicats. On ne saurait s’en étonner. L’enseignement du dessin est l’un des derniers organisés. (...) Il est issu de l’enseignement des Beaux-Arts dont il garde encore l’empreinte. Il a tenté des expériences qui l’ont entraîné successivement, et par réactions alternées, du graphisme pur et de la copie d’images à la méthode géométrique d’Eugène GUILLAUME, puis de cet enseignement dogmatique et rigide aux libertés illimitées de la recherche intuitive et à l’expressionnisme. On est allé de l’étude de la forme à celle de la couleur, du plastique au décoratif, de la figuration objective à la prospection psychologique. »

Le souci de justifier la discipline sera récurrent et il sera recherché ailleurs que dans sa spécificité "artistique". On note que la coupure avec le champ artistique contemporain est totale et il faudra attendre les années 70 pour voir l’écart se combler. Magali Chanteux, IPR de Paris, l’explique « par la profonde remise en question que l’art opère depuis un siècle, sur lui-même, sur ses codes et ses valeurs »

La formation des enseignants

Apparaît après-guerre une préoccupation nouvelle : la formation des enseignants . Dès 1889, E. Guillaume lui-même avait proposé, une licence et une agrégation. Un Certificat d’Aptitude à l’Enseignement du Dessin avait été créé en 1880.

Depuis le premier congrès international des professeurs de dessin de 1900, alternent, de la part des enseignants, réclamations, projets et mises au point des demandes afin de faire évoluer cette situation. Ils revendiquent successivement : des lieux de formation, la création de chaires spéciales à l’université, des stages pédagogiques, la création d’un 1er degré de 4 certificats de spécialité préparé dans des classes de lycée qui serait accompagné de l’ouverture de 1ères supérieures d’art à l’instar des Khâgnes et des Taupes et, pour certains, l’obligation d’être bachelier.
Cela débouche en octobre 1947 sur l’ouverture, au Lycée Claude Bernard à Paris, d’une classe supérieure, similaire aux classes de mathématiques supérieures ou lettres supérieures mais préparant aux concours d’entrée des écoles d’art. Le décret du 20 octobre et l’arrêté du 23 octobre 1952 instituent le Diplôme de Dessin et d’Arts Plastiques (D.D.A.P.)

Seconde naissance des arts plastiques

Dans la réforme générale de 1959 l’enseignement du dessin est fixé (et ce depuis 1941) à une heure hebdomadaire dans le premier cycle. Les nouveaux programmes de 1963, portent toujours l’intitulé "dessin" même s’il est aussi question dans les instructions de « dessin et arts plastiques ». « Imitation » et « illustration », points forts des programmes antérieurs, cèdent le pas à « expression » mais aussi à « création ». Au cours des années soixante, un triple essor va considérablement modifier l’enseignement du dessin :

1° le dédoublement des classes de 6ème et de 5ème de plus 24 élèves permet la diversité des matériaux, la gestualité. Le travail sur de plus grands formats devient possible et aboutit à des productions qui se "donnent à voir" ;

2° La création d’un ministère de la culture qui organise le 1%, la Biennale de 1959 au Musée d’Art Moderne (de la ville de Pari et les expositions d’art contemporain de 1961 et 1963 ;

3° L’actualité artistique : les années 60 marquent la fin de l’hégémonie de l’Ecole de Paris. le "nouveau réalisme", dont la nouvelle réalité est surtout faite d’une forte couverture médiatique, de "manifestes", "d’événements" et "d’actions-spectacles".

À l’occasion du colloque "Pour une école nouvelle", organisé à Amiens par l’Association d’Étude pour l’Expansion de la Recherche Scientifique, une commission consacrée à l’éducation artistique et culturelle dans la formation de l’individu se réunit en mars 1968 ; elle réclame "une revalorisation de l’éducation artistique en milieu scolaire, de la maternelle à l’université" et la création d’une faculté des arts où seraient formés les enseignants spécialisés. Un "Comité pour la réforme de l’enseignement artistique" est constitué. Création de l’option A7 en lycée puis A3 ; création des U.E.R. d’arts plastiques ; 1969, création d’un département Art, à Vincennes Paris VIII ; novembre 1969, ouverture d’une U.E.R. d’arts plastiques à l’Université Paris 1 ; 1972 le premier C.A.P.E.S. entérine le passage du dessin aux arts plastiques. Création de l’Agrégation externe.

À l’école primaire, les « disciplines d’éveil » regroupent, dans un horaire allégé de trois heures, tout ce qui n’est pas le français, les mathématiques et l’éducation physique.

Dans les collèges normalisés par la réforme Haby, en revanche, les programmes de 1977 révolutionnent les enseignements artistiques qui, de « dessin et musique » deviennent « arts plastiques et éducation musicale ».

En musique : trois chapitres : culture vocale et chant (apprentissage de huit chants annuels, monodiques ou polyphoniques) ; culture auditive et pratique du langage (plus aucune mention de solfège ni de dictée musicale) ; culture musicale par l’audition d’œuvres.
Les U.E.R. d’arts plastiques élaborent une formation originale. La part consacrée aux sciences humaines et à l’art vivant est importante. Le dessin est moins pratiqué répondant à la prise en compte de la création artistique contemporaine. Le caractère "didactique" de l’art et la relation pratique/théorie modèlent l’enseignement donné à l’instar des mouvements "conceptuels", le discours prend de l’importance. Les enseignants et l’IG Jean-Michel Colignon, nommé en 1970, poursuivent leurs expérimentations autour de la créativité et de la "non-directivité" On prône un élargissement du champ des arts plastiques en direction de l’image et de la communication visuelle. On préconise une « formation par l’art, dans la mesure où l’objectif à atteindre concerne les composantes mêmes de la personnalité de l’élève et notamment sa sensibilité, sa créativité ; (une) formation à l’art puisque la possibilité d’un contact enrichissant avec les grandes oeuvres que le génie humain a produites (...) fait partie du bagage culturel à transmettre. (Instructions officielles)

Une didactique

"Ces années (...) ont vu un remarquable développement de la discipline, comme un éclatement (de la même manière qu’on peut parler d’éclatement des codes à partir de Cézanne). Ce fait, qui s’est produit dans le prolongement du colloque d’Amiens avec le thème de l’ouverture de l’école, a posé un problème ultérieur dans la mesure où sont apparues toutes sortes de pratiques d’enseignement extrêmement diversifiées, produisant une grande richesse, mais finalement ne faisant pas corps et offrant une image très incertaine de la discipline. (…) C’était un moment salutaire mais qu’on ne peut suspendre éternellement(…) il fallait commencer tout de même à donner corps à la discipline (…) C’est pour cela qu’il a fallu se pencher sur cette question de la didactique des arts plastiques ». (G. Pélissier, IPR-IA-). C’est la naissance d’une recherche en didactique des arts plastiques.

En 1983, les ministères de l’éducation nationale et de la culture “sont convenus de développer une politique commune comportant à la fois des mesures prises par chacun dans son propre domaine de responsabilité et des actions conjointes. Cette politique a pour but de répondre aux problèmes actuels des enseignements artistiques, pour enrayer enfin leur dégradation puis de jeter les bases d’une éducation artistique diversifiée dans ses disciplines, élargie dans ses techniques, largement ouverte à une collaboration entre le secteur éducatif et le secteur culturel ».
« Enrayer leur dégradation », dit-on. Une formule pour présenter une réforme comme un remède.

Partenariat et communication visuelle

A partir de cette date, le maître-mot sera « partenariat ». C’est le règne de la communication visuelle. C’est dans cet esprit que la dénomination « arts plastiques » sera, plus tard, supprimée des programmes au profit des « arts visuels ». Ce qui pouvait paraître un alignement sur l’anglais « visual arts » recouvre en fait une tout autre réalité. « Plastique » vient du grec « plattein » qui signifie « former » « façonner ». Ce qui faisait des arts plastiques des arts de la pratique. Avec les arts visuels on passe du camp de celui qui fait à celui qui regarde. Les pratiques plastiques se transforment ainsi, peu à peu, en pratiques culturelles. Installation des classes culturelles. L’introduction quelques années plus tard de la discipline « histoire des arts » prise sur le contingent de l’heure d’ « arts visuels » venait parfaire le dispositif. Viennent ensuite : l’opération "Entrez les artistes", la création d’une option cinéma et audiovisuel, la modification des ateliers qui ont l’objet d’une spécification et d’un appel au partenariat, la création de10 ateliers d’audiovisuel, de 35 ateliers de photographie et de 25 ateliers d’architecture qui pourront bénéficier d’un "intervenant extérieur" grâce à une collaboration avec les ministères de la Culture pour la photographie et de l’Urbanisme et du Logement (C.A.U.E.) pour l’architecture. Il s’agit d’un spécialiste du domaine concerné, artiste ou professionnel, qui apporte sa participation sur la base d’un projet commun avec l’enseignant.

L’articulation pratique/théorie tend à être remplacée par la relation pratique/culture artistique qui est soulignée par la structure.

Il faut être capable de communiquer et de signifier visuellement : de pouvoir répondre à un problème posé, de communiquer ses intentions, de pouvoir signifier par le choix des supports, par la maîtrise d’une ou de plusieurs techniques, par l’organisation de l’espace. Un nouvel ordre didactique : apparaît : Problème posé, divergence et pluralité des réponses, analyse critique permettant l’introduction des savoirs de référence, sont les composantes d’une nouvelle situation d’enseignement qui inscrit le cours d’arts plastiques dans une structure interrogative . « Le professeur veillera à aborder l’image en tenant compte, en particulier, des points précédemment développés : éléments et relations plastiques, organisation de l’espace . Il habituera ainsi les élèves à porter un regard de plasticien sur leurs travaux" B.O. spécial 4 du 30/7/87). On préconise la référence au champ artistique : se situer et approcher la démarche artistique par la pratique. C’est l’élargissement du champ disciplinaire et le recentrage de la discipline autour de "concepts plastiques" : “Les techniques modernes productrices de nouvelles images, sont à utiliser au même titre que le crayon, la gouache ou les collages.”

1988, loi Landowski : l’éducation artistique n’est plus l’affaire du seul ministère de l’Education nationale. Elle ouvre l’école aux réalités contemporaines dans les domaines artistiques et culturels, grâce à l’action culturelle en milieu scolaire (P. A. E.) Elle manifeste une volonté déterminée de rapprochement avec le monde culturel, par le biais des intervenants extérieurs en milieu scolaire tout en confirmant l’autorité des enseignants titulaires dans leur classe, et la qualité des intervenants qui devront justifier d’une vraie compétence professionnelle en matière artistique. La vocation culturelle des enseignements artistiques s’accentue.

1992 : les deux ministères fusionnent Le jumelage entre un établissement scolaire et un établissement culturel permet de développer les actions de partenariat comme atelier, P. A. E., exposition, conférence, chorale.

1993 : plan en faveur des enseignements artistiques. Dans le programme prévu par un plan qui “scelle le lien entre éducation et culture“,- Un nouvel enseignement fondé sur le partenariat donne lieu en 1993 à l’ouverture d’une cinquième option l’“Histoire des arts” en série littéraire du second cycle.

1993-1995 : extension du partenariat.

1993 : signature d’un protocole interministériel : “Quatre ministres de l’Education nationale, de la culture et de la francophonie, de l’enseignement supérieur et de la recherche, de la jeunesse et des sports, ont signé le 17 novembre un protocole d’accord relatif aux enseignements artistiques.

1995 : le 28 mars, signature d’un nouveau protocole d’accord cette fois entre le ministère de l’Education nationale, l’Académie des inscriptions et Belles Lettres, l’Académie des Beaux Arts, l’Académie des Sciences Sociales et Politiques.

1994 : nouveau contrat pour l’école création des Groupes Techniques Disciplinaires "Arts" composés d’universitaires, d’enseignants de terrain, d’inspecteurs pédagogiques régionaux et d’inspecteurs généraux
Le G.T.D. Arts se scinde en groupes de spécialités : arts plastiques, danse, musique, théâtre, cinéma, arts appliqués et histoire des arts.
la situation à la rentrée 96 est la suivante. En classe de seconde, pour toutes les séries, en voie générale et technologique "une option de 3 heures est créée dans les cinq domaines suivants : arts plastiques, éducation musicale, cinéma audiovisuel, théâtre expression dramatique et dans la nouvelle option histoire des arts. Elle remplace l’option de 4 heures dès la rentrée 95. Comme celle-ci elle peut être prise au titre des options obligatoires. (...) A compter de cette même rentrée 1995, les ateliers de pratique arts sont supprimés".

Si en arts plastiques et en musique, l’enseignement pratique est normalement assuré par le professeur de la discipline, les nouvelles disciplines et la partie histoire des arts ne leur sont pas nécessairement confiées. Pour cette dernière : "la diversité des domaines à couvrir implique, sauf exception justifiée, l’intervention modulée selon les besoins de plusieurs professeurs" B.O. N° 30 du 16 /9/1993.

L’artistique

Les années qui suivent voient émerger l’ « artistique » L’artistique est en rapport avec la démarche (artistique) qui tend à donner un statut (artistique) à sa production : la sortir de la perception et de la conception usuelles et l’inscrire dans le champ artistique. S’interroger sur l’artistique, c’est s’interroger sur le statut de l’objet considéré du point de vue de la "re-présentation".

Une réforme dans la formation des enseignants à partir de la rentrée 1993 crée les IUFM. Elle s’appliquera progressivement dans chaque académie. “Enseigner est un métier qui s’apprend », affirme la réforme. Dans les disciplines artistiques on peut dire que ces années furent propices à des avancées pédagogiques notables. Pour la première fois dans l’histoire de la formation, une formation professionnelle payée, longue et souvent de qualité était dispensée aux futurs enseignants.

L’arrêté du 11juillet 2008 instaure un nouvelle enseignement, celui de l’histoire des arts. La première dame France y tenait. Il faut noter que la discipline arts plastiques est en Europe une singularité.

De 2005 à 2012 un processus de destruction de la formation se développe jusqu’à son terme. Méticuleusement, une campagne de diabolisation des IUFM s’engage sous la présidence de Sarkozy. Les IUFM sont dans un premier temps rattachés puis intégrés aux universités ; un master 2 sera exigé, sous couvert d’uniformisation européenne, pour accéder au métier d’enseignant. La formation sera confiée pour un an aux universités (qui ne savent pas faire) et aux pairs pour l’année de professionnalisation.

Dans le cadre du conseil supérieur des programmes se tenait, le 9 décembre 2014, une réunion sur le référentiel des parcours artistiques et culturels. En s’inscrivant dans le dispositif de formation tout au long de la vie et le suivi numérique qui l’accompagne, ces parcours s’inscrivent dans la gestion managériale qui sévit depuis au moins une décennie dans l’Education Nationale. Les enseignements artistiques, qui ne sont en rien renforcés par les récentes réformes (socle commun, histoire des arts et maintenant parcours d’éducation artistique et culturelle) sont sous la menace d’une externalisation par le biais du partenariat et de la territorialisation.

Les missions de l’Education Nationale sont distinctes et souvent opposées de celles du ministère de la Culture singulièrement à l’ère de l’autonomie des institutions muséales et culturelles et de leur marchandisation. Historiquement ces institutions ont une fonction patrimoniale, avec toute la dimension idéologique que cela comporte. S’y ajoute et/ou s’y substituent aujourd’hui des considérations mercantiles. Ce sont les institutionnels qui fabriquent le patrimoine des musées. Ce sont eux qui, en osmose avec le marché spéculatif de l’art , font entrer tel ou tel artiste dans le Panthéon. Le rôle de l’éducation nationale est, à l’inverse, d’interroger ces processus de les mettre à distance. Les professeurs sont de plus en plus enjoints d’être les architectes de montages culturels qui visent à livrer aux institutions culturelles locales ou nationales un cheptel captif pour une consommation culturelle. La « culture » est clairement conçue comme une marchandise. Cette orientation conduit l’Éducation nationale à s’exonérer d’une de ses visées fondamentales : éduquer à l’esprit critique et pour ce qui est des disciplines artistiques de permettre aux élèves d’accéder par des pratiques qui engagent le corps et l’esprit, comme le sont les arts plastiques et la musique, à leur réalisation comme hommes et femmes conscients de leurs potentialités.

Depuis plus de vingt ans, les musées développent des secteurs « éducatifs » voire « pédagogiques ». Pour le premier degré dans lequel les professeurs des écoles ont à enseigner toutes les disciplines cet état de chose a un effet ravageur. Humbles et désemparés ceux-ci sont amenés à livrer leurs élèves, au cours des visites de musée, « aux spécialistes ». Des « animateurs culturels » souvent vacataires et non formés mettent en oeuvre des pratiques indigentes. La réduction drastique des stages de formation pour les enseignants du premier degré ne fait qu’amplifier le problème. La politique de partenariat apparaît alors comme la volonté de faire sortir les enseignements artistiques de la sphère de l’éducation nationale. La réforme des rythmes scolaires vient boucler la boucle en reléguant les enseignements artistiques au rang d’activité de l’après-midi. Avec la territorialité on pourra mesurer les effets des inégalités sociales inter et extra territoriales.

Les disciplines artistiques sont fondatrices de la personne, elles sont le lieu de la découverte de soi, du plaisir de faire, de créer, de se réaliser ; une fabrique d’êtres humains. C’est une reconnaissance qui s’est accomplie au cours de décennies d’évolution de la pensée pédagogique fondée sur les découvertes en psychologie et sciences de l’éducation, sur la lutte des professionnels. L’offensive libérale actuelle tend à revenir en arrière et à annihiler cette avancée de la civilisation.